lundi 2 avril 2012

Sage-femme, mon amour

Je suis médecin. Généraliste. J'ai déjà raconté à quel point les sages-femmes avaient contribué à ma formation dans le domaine de la périnatalité. Aujourd'hui encore elles comptent énormément pour moi, que ce soit comme collègues de travail à la maternité, ou comme professionnelles m'accompagnant pour mes grossesses et mes accouchements. J'ai beaucoup d'estime pour leurs compétences spécifiques et leur regard si particulier sur la naissance.

Alors quand Dix Lunes a mis sur Twitter le lien vers cet article d'Odile Buisson, vous comprendrez aisément que mon sang n'ait fait qu'un tour...

Le début de son texte fait un constat, juste au demeurant, celui de la disparition progressive des gynécologues médicaux ; c’est à la fin du troisième paragraphe que sa plume dérape. A partir de là, elle propose une vision réductrice et corporatiste du suivi des femmes ; à l’en croire, seuls les gynécologues médicaux seraient aptes à assurer ce suivi, et leur disparition sonnera le glas de ce qu'elle appelle "la médecine génésique".

Son propos est insultant vis-à-vis des sages-femmes, qui bien que de formation différente, sont parfaitement aptes à assurer le suivi d’une femme en bonne santé, et à l’orienter vers un spécialiste si nécessaire.
Quant aux généralistes, elle n’en parle même pas, en réponse à sa question "Dès lors, vers qui se tourner ?" Elle semble ignorer que de nombreux généralistes assurent le suivi gynécologique des femmes dont ils sont le "médecin de famille". Eh oui madame, nous aussi, petits généralistes, sommes capables de conseiller une contraception, réaliser un frottis ou poser un DIU. De même que nous sommes tout à fait aptes, contrairement à ce que pensent certains pédiatres, à suivre le calendrier vaccinal...

Elle mentionne ensuite une étude selon laquelle les femmes "plébiscitent" leur gynéco... Ce n'est pas ce qui ressort de la plupart des conversations que j'ai pu avoir sur le sujet, que ce soit avec mes patientes ou des copines de forums, réseaux sociaux, etc... 
J'ai quand même régulièrement l'impression que les femmes "subissent" ce suivi parce qu'on leur inculque dès l'adolescence qu'il FAUT être suivie par un(e) gynéco - qui parfois imposent d’ailleurs à leurs patientes un suivi excessif au regard des recommandations.
Aller se mettre à poil tous les ans, subir un examen plus ou moins (souvent moins) délicat, encaisser des réflexions sur le poids, le mode de vie... Je conseille à Odile Buisson d'aller lire ce billet corrosif mais salutaire de Daria Marx, pour avoir une idée de ce qui se passe dans la "vraie vie".
Combien de fois, en consultation prénatale, ai-je vu des jeunes femmes ayant esquivé tout suivi suite à un premier examen gynéco traumatisant, parce qu'imposé (bien qu'inutile) et pas expliqué à l'occasion d'une première prescription de pilule?

Elle cite ensuite Elisabeth Badinter et dénonce comme elle une soit-disant nostalgie du c’était mieux avant : "retour de l'accouchement physiologique", "exhortation culpabilisante à l'allaitement maternel"...
D’une part, je ne suis pas sûre que cela corresponde à la réalité du terrain : l’accouchement médicalisé, sous péridurale, en position gynécologique ( = position pratique pour " l’accoucheur ", pas pour la femme, loin s’en faut !) reste largement majoritaire ; quant à l’allaitement maternel, si le nombre de bébés allaités à la naissance est de l’ordre de 70%, la moitié de ceux-ci sont allaités moins de 3 mois, un quart entre 3 et 6 mois, et un quart plus de 6 mois ; et ce, avec d'importantes variations en fonction des régions et des catégories socio-professionnelles. Pas tout à fait conforme aux recommandations de l’OMS et de la HAS !
Mon hypothèse est que, comme Elisabeth Badinter, elle évolue dans un microcosme " bobo " qui biaise sa vision des choses (son cabinet se trouve à Saint-Germain-en-Laye…) - et j'écris ceci en ayant tout à fait conscience que mon propre environnement est "hors normes" dans ces domaines ! ;-)
Au final ce qui me gêne le plus dans son discours comme dans celui d’Elisabeth Badinter, c’est ce côté on sait mieux que vous ce qui est bon pour vous, les femmes, qui va totalement à l'encontre de ce que représente pour moi le féminisme. Comme si on ne pouvait pas réfléchir, et choisir, par nous-mêmes...

D’autre part, je ne vois pas en quoi un accouchement physiologique serait un "accouchement au rabais" ! Bien au contraire
A mon sens l'accouchement au rabais, c'est justement celui auquel elle a tant l'air de tenir : hypermédicalisé et monitoré, femme sous contrôle, sur le dos les pattes en l'air et "poussez madame même si vous sentez plus rien avec la péridurale, c'est pour votre bien qu'on fait comme ça"... C’est cette femme à qui, après 16h de travail épuisant, forceps et épisiotomie compris, l’obstétricien lâche un "Vous avez poussé comme une mauviette" méprisant… Ou cette autre chez qui on déclenche l’accouchement le jour où ça arrange l’obstétricien, et à qui la sage-femme demande, au moment de l’enfantement, d’arrêter de pousser le temps qu’on appelle l’obstétricien ! (vécu par une de mes copines dans une clinique de région parisienne…)
Pour moi un accouchement qui se passe bien, et c’est heureusement la très grande majorité des naissances, EST l'essence même de la compétence des sages-femmes. En outre, la naissance physiologique aujourd’hui, grâce aux préparations à la naissance dans toute leur diversité (travail corporel, sophrologie, haptonomie, chant prénatal, acupuncture…) n’a plus grand-chose à voir avec le tu enfanteras dans la douleur de nos mères-grands ; si en plus, on a la chance d’avoir un accompagnement humain de qualité… (une femme, un(e) sage-femme , slogan ô combien d’actualité…)

Son extrapolation sur l'espérance de vie en lien avec la "médecine des femmes" me paraît pour le moins hasardeuse... Sur quelles études épidémiologiques se base-t-elle pour l’affirmer?
Elle n'évoque pas pas en revanche la mortalité maternelle périnatale, 2 fois moins élevée en Suède ou en Norvège qu'en France, alors qu'on y respecte davantage la physiologie de la naissance... Cherchez l'erreur!

Elle conclut avec un pompeux "Les femmes ne sont pas des citoyens de seconde classe". Qu'elle et ses collègues cessent alors de nous infantiliser, de nous dénier toute possibilité de réflexion personnelle et de nous imposer le suivi, la vision des choses qui les arrange, EUX.
Bref, si on veut parler au nom "des femmes" il faut, à mon humble avis, avant tout leur reconnaître des capacités de réflexions, de choix documenté... et surtout ne pas choisir pour elles !


Post-scriptum :
Je n'ai pas de conflit personnel avec un(e) gynéco, celle qui me suit est une femme douce, pleine de diplomatie et d'empathie. N'empêche que pour mes grossesses j'ai choisi d'être suivie par une sage-femme, de même que pour mes accouchements je choisis de pouvoir me mobiliser et adopter la position qui me conviendra (dans le cadre sécurisant d'une mater' de niveau 2, quand même, des années de conditionnement hospitalier...) ; de même que j'ai choisi en toute conscience d'allaiter (longtemps) mes enfants, et de travailler à temps partiel pour consacrer plus de temps à leur petite enfance. Cela fait-il de moi une rétrograde moyennâgeuse?
Je ne le crois pas, du moment que je laisse cette même liberté aux femmes que je suis amenée à suivre ; je les informe pour qu'elles fassent des choix éclairés, sans chercher à imposer mon point de vue. N'est-ce pas là le minimum du respect que l'on doive à ses patientes, Dr Buisson?



Quand l'article d'Odile Buisson est paru, nous avons été nombreux(ses) à réagir. Très vite, au fil d'échanges sur Twitter, est venue l'idée d'une réponse groupée. 
Ce texte s'inscrit dans une démarche partagée avec Dix Lunes et la Poule Pondeuse  ; chaque texte est individuel et rédigé en fonction de nos sensibilités personnelles. 
Néanmoins, femmes, médecin, sage-femme, nous partageons toutes une certaine idée de ce que pourrait (devrait?) être le suivi des femmes et la prise en charge de la naissance en France.

34 commentaires:

  1. J'aime vraiment ce que tu dis.
    J'apprends énormément via twitter grâce à une réseau de femmes qui partagent avec les autres ce qu'elles savent (comme pour la sage-femme et le suivi contraceptif) et je les/vous (tu en fait partie ainsi que La poule pondeuse et 10 lunes) en remercie, du fond du cœur.
    (@Marie_IN)

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  2. un grand merci Doc souristine pour cette délicieuse lecture qui apaise l'atmosphère malsaine de certains propos..vive le travail en réseau et les collaborations qui font éprouver aux femmes que les professionnels échangent se parlent, ne savent pas tout et peuvent adresser au bon moment aux confrères et consœurs..;très cordialement et sagement vôtre Martine Desmares

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    1. Merci beaucoup pour ce commentaire. Effectivement je crois ++ à l'échange, que ce soit entre confrères/consoeurs, ou entre médecins et sages-femmes, infirmièr(e)s, kinés...
      En théorie nous poursuivons tous le même but, d'intérêt du patient!

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  3. Pour bien connaître l'Angleterre, je reste très dubitative sur la comparaison, dans l'article d'origine, entre l'espérance de vie des Anglaises et celle des Françaises... Comme si le suivi gynécologique ou non était le seul facteur entrant en ligne de compte! Même une littéraire comme moi peut voir à quel point cet argument ne tient pas la route.
    Et sinon, bien sûr, merci Souristine pour cet article complet, argumenté, posé.

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    1. Merci Mel pour ton commentaire.

      Si moi aussi je peux me risquer à une hypothèse hasardeuse, je dirais que l'espérance de vie moindre des anglaises est plutôt à mettre sur le compte d'habitudes hygiéno-diététiques différentes...

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  4. Non mais les Anglaises c'est facile : elles se baladent en plein hiver en mini jupe sans collants et en sandales, donc elles attrapent froid, donc après elles meurent de pneumonie. Rien à voir avec les gynécos donc ^_^

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    1. Haaan, tout de suite, les clichés! Et puis tu vas me dire qu'elels mangent des fish&chips, peut-être? ^_^

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  5. Me voilà rassurée. J'ai eu un accouchement avec péridurale, ocytocine, épisio ET forceps, le tout par mon gynéco, je devrais vivre un peu plus longtemps. La prochaine fois je prends la césarienne de confort programmée. On n'est jamais trop prudent.

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    1. Voilà. N'oublie pas d'aller te faire palper les seins et examiner le col de l'utérus tous les ans, et ce sera parfait!

      (plus sérieusement, c'est important le suivi gynéco, hein, mais je persiste à penser qu'on pourrait en toute sécurité l'alléger un peu, et surtout reconnaître aux sages-femmes et aux médecins généralistes la capacité d'assurer ce suivi, et de savoir passer la main si nécessaire)

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    2. Oui, je suis d'accord. Je viens de déménager à la campagne, je suis à la recherche d'un nouveau médecin traitant pour toute la famille, un des critères sera qu'il veuille bien faire mon suivi gynéco, je pense. Je n'ai aucun souci particulier, j'ai un diu, et donc aucune raison de faire 35km pour la consultation chez un spécialiste.
      (Cela dit, mon gynéco est très bien, pas du genre à faire faire des tas d'examens inutiles.)

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  6. Bravo pour cette réponse très complète et bien étayée, dont je partage le point de vue.
    Il y a certainement d'autres façons d'alerter sur le problème du numerus clausus, et de la baisse du nombre de spécialistes dans certaines domaines, que celle employée par Mme Buisson... au secours !!

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    1. Merci. Elles m'auront fait travailler, les copines! Mon quota de sommeil ne leur dit pas merci! ;-)

      En vrai c'était important pour moi de l'écrire, ce billet, j'étais tellement en rogne quand j'ai lu le etxte d'Odile Buisson!

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  7. Vous, je t'aime! :D :) Ce billet me réconcilie avec le "médical"... que je déserte depuis des années, autant que "l'obligatoire" me le permet.

    N.M.

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  8. Sacrée réponse, merci ! Moi qui n'avais que peu d'avis sur la question, je suis maintenant bien d'accord avec toi et avec 10lunes par exemple. Mon expérience personnelle n'a pas plus de valeur que ça mais elle va dans votre sens. Ma gynéco est respectueuse et compétente, mais hyper speed, toujours. J'ai découvert les sage-femmes lors de la préparation à la naissance, et celle que j'ai rencontrée a pris le temps de m'expliquer énormément de choses.
    Quant à la contraception, je me suis documentée pendant ma grossesse (sur le site de M. Winckler) et heureusement que je l'ai fait et y ai réfléchi, parce que la décision chez la gynéco doit être prise en quelques minutes maxi. J'ai en même temps découvert que les compétences des sage-femmes sont beaucoup plus larges que ce que je pensais.
    Voilà voilà, je me répète mais je suis bien d'accord, les médecins et les sage-femmes sont complémentaires, ce mépris de la part de certains gynécologues est bien dommage.

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    1. Dommage... et surtout ça ne fait pas avancer le schmilblick si on se tire dans les pattes! A part du moment où on oeuvre dans un intérêt commun, on devrait pouvoir travailler ensemble, en reconnaissant les complémentarités.

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  9. un grand merci de la part des sages-femmes dont je fais parti qui se sont sentis malmenées par cet article, qui effectivement ne reflète en rien la réalité de terrain. les propos d'odile buisson parlent d'un autre temps où les femmes de notre génération ne se reconnaissent pas et apprécient moyennement de se voir imposer un concept de la naissance défendu par une poignée d'extremistes féministes qui à mon sens devraient se reconvertir(badinter compris)! notre rôle de soignant est avant tout de permettre à nos patientes d'avoir un accès au soin facilité avec un maillage performant, et nous ne sommes pas de trop, médecins et sf pour permettre à chaque femme une naissance humaine, où écoute, sécurité, respect,accompagnement,ne ferait qu'un et serait au service des femmes! SF yvelinoise, j'aurai l'occasion de rapporter vos témoignages à Mme buisson que je rencontre au sein du réseau de périnat des yvelines... réseau en pleine restructuration qui inclue depuis peu les SF au sein de son conseil d'administration , n'en déplaise à Mme Buisson... espérons que l'arrivée des sf au réseau ne sera pas responsable d'une augmentation des taux de morbi-mortalité dans mon département!!!!!!!!!!!!! bien cordialement laurence vayer

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    1. Merci pour ce commentaire!
      J'ai hâte de connaître la réponse de Mme Buisson ; fera-t-elle un revirement aussi spectaculaire que l'a imaginé Dix Lunes? ;-)

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  10. Merci, cette lecture m'a conforté dans l'idée que les choses peuvent changer et que plus nous serons nombreux à penser comme ça et plus nous pourrons modifier les habitudes. D'ailleurs, bien chanceux sont les patients qui passent entre vos mains ... La naissance est, et a toujours été un acte naturel ... La médicalisation voire l'hypermédicalisation de la grossesse, de la naissance et du post partum, nous ont fait oublié cet élément essentiel dans le suivi des femmes. Et par là même, la fonction première des sages femmes. A notre époque, la sage femme a beaucoup de mal à faire reconnaître l'étendue de ses compétences ... Donnons à la sage femme la place qui lui revient de droit, à savoir notamment le suivi physiologique de toutes les grossesses et laissons le soin aux gynécos d'assurer le suivi des grossesses patho. A chacun ses compétences !

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    1. Je suis touchée que vous pensiez que mes patients sont chanceux... :-)
      Comme je l'ai déjà, j'ai une affinité particulière pour tout ce qui touche à la grossesse, la naissance, l'allaitement...
      Je dois reconnaître que j'ai beaucoup appris de mes expériences personnelles (galères ++ d'allaitement avec mon aînée), des discussions avec des copines de forums (de l'allaitement, on a glissé vers le maternage, la naissance respectueuse, etc...)
      J'aime me dire que j'essaye de garder l'esprit ouvert, c'est essentiel je crois dans mon métier.

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  11. J'ai une expérience assez "singulière" avec mes 2 accouchements... 1ère grossesse suivie en milieu hospitalier, par une sage-femme. Super suivie, j'aimais les consultations. Accouchement long (23h), dont plus de 10 allongée sans bouger alors que je n'avais pas encore demandé la péri (!!!) qui s'est terminé avec forceps et déchirure (j'ai juste échappé à l'episio...). On me prend mon bebe pendant plus d'une heure parce qu'elle ne crie pas de suite (ben oui, elle était épuisée...), on me la ramène en couveuse, on REFUSE le peau à peau... Suites de couches nulles aussi, plusieurs TV par jour (pourquoi ???), on allume la lumière au milieu de la nuit alors que bebe et moi dormons, on me prend mon bebe la première nuit sous prétexte que je dois le reposer (!!!). Je n'ose rien dire, 1er bébé, timidité... Trop de confiance envers le milieu hospitalier ?
    2ème grossesse, je refuse tout net de revivre ça, cette impression d'être enchaînée à mon lit, je veux décider de ce que je veux et quand je le veux ! Je me tourne vers une clinique, mater' de niveau 1 mais toute proche d'une niveau 2 (pour ma tranquillité d'esprit). Le suivi de grossesse par un Gynéco... Nul... Mais vraiment... L'impression d'être un utérus doté d'un chéquier... À ne même pas avoir le temps de parler de mes brûlures d'estomac et de consulter mon généraliste à ce propos... Déclenchement d'accouchement programmé à j+2 (tension élevée, maux de tête, pas cool quoi), je suis hospitalisée la veille par précaution mais laissée libre et tranquille (pas d'examen toutes les 5min, on me laisse me balader...). Finalement début des contractions en fin de soirée, chouette j'echappe au déclenchement ! On me laisse faire ce que je veux ! On finit par me dire que si je veux une péri c'est maintenant ou jamais. Je la veux mais faiblement dosée. Aucun problème pour l'anesthesiste. Il laisse à la sage-femme la possibilité de me remettre du "jus" si je le veux mais je sens tout, les contractions, mes jambes, mon périnée... 2h après la pose de péri je peux attraper mon bébé, que j'ai senti arriver, qui m'a fait mal mais sans mauvais souvenir, pas d'episio, pas de déchirure... Une petite fille qui reste avec moi, on me laisse dans la pénombre avec le papa et le bébé, sans venir me déranger, tranquilles pour faire connaissance... Suites de couches parfaite, un examen Gynéco avant la sortie pour s'assurer que tout va bien, PAS PLUS ! Et on sait qu'après un accouchement on n'a pas très envie de passer notre temps à se faire tripoter...
    C'est donc assez paradoxal, mais ça confirme l'idée que la sage-femme est la plus compétente et respectueuse pour un suivi de grossesse (sans problème) mais aussi pour laisser aux femmes le choix... Parce qu'au final j'ai eu l'impression de ne pas avoir été respectée lors de mon premier accouchement... Et d'avoir "raté" la rencontre avec ma grande fille...
    Je ne pense pas retourner voir un Gynéco de si tôt, et tant pis pour mon espérance de vie, ma sage-femme me la réduira peut-être (ah ah) mais ça ne sera pas au détriment de mon bien être !

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    1. Merci pour ce témoignage. Je suis consternée par le récit de ton premier accouchement et de ton séjour à la maternité (comme toujours quand on me raconte ce genre d'histoires...)
      Et je mesure d'autant mieux ma chance de mettre au monde mes enfants dans "ma" maternité - c'est le monde des Bisounours comparé à certains récits!

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  12. Pour ma première grossesse, j'ai "rencontré" plus de 10 gynécos avant de me fixer sur le enième connard ; je pleurais à chaque sortie de son cabinet, il me disait que j'allais rater le lien avec mon enfant.. entre autres horreurs. C'est une sage-femme qui m'a accouché (en 20min avec la péridurale très bien dosée puisque j'ai tout senti), j'en garde mon plus beau souvenir.
    Pour mon second, pas folle, je suis passée directement par une sage-femme et ce fut un très bel accompagnement, respectueux et doux. Idem pour l'accouchement (10minutes.. pas de péri pas le temps ^^"), une sage-femme très respectueuse était à mes côtés.

    Pas de pédiatre après un premier essai lamentable pour mon ainé, mon généraliste est parfait avec mes enfants : il n'est jamais alarmiste, calme, doux avec mes gnomes, et me donne rarement des médicaments à moins que ce ne soit vraiment, vraiment nécessaire.

    Voir un gynéco ? Non merci. On m'a refait la morale il n'y a pas longtemps à l'hôpital (une sage-femme d'ailleurs ;) ), la tentative de culpabilisation a échoué : j'ai confiance en mon corps, jamais la moindre infection. Par contre, pour ce qui est de la confiance en un médecin qui se sent diminué (et devient donc agressif) dès qu'il ne peut pas approcher un vagin.. j'avoue, je n'y arrive pas.

    Essayer, pour voir la réaction, de dire à un gynéco que non, il ne pourra pas vous examiner.
    Il va se décomposer.
    Et vous enverra voir un psy. Vécu.

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    1. Encore un témoignage à charge pour "l'humanité" des gynécologues... Heureusement que dans le lot il y en a qui prennent leur temps et sont un peu empathiques (si-si... faut juste bien les chercher!)

      On va m'accuser de prêcher pour ma paroisse (peut-être) mais je suis persuadée que le suivi d'une femme en bonne santé (incluant le frottis triennal) peut tout à fait, et sans perte de chance, être fait un médecin généraliste ou une sage-femme. De même que le suivi d'un enfant en bonne santé est totalement du ressort du généraliste.
      Quitte, dans un cas comme dans l'autre, à orienter vers le spécialiste (gynéco ou pédiatre) en cas de pathologie - il ne s'agit pas non plus de se prétendre omniscient!

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  13. Je suis médecin généraliste, femme, mère, toujours allaitante de ma deuxieme de 5 mois...
    Je suis d'accord que l'important c'est le CHOIX.

    Néanmoins, si j'ai une totale et absolue confiance dans les sage femmes dans le suivi de la grossesse et l'accouchement, je n'irais pas faire le suivi "annuel" chez elle. Je pense en effet que une formation "générale" est importante, et en celà je rejoins Mme Busson.

    D'autre part, je suis aussi d'accord avec elle et avec Mme Badinter sur l'insupportable culpabilité faites sur les femme parce que "c'est mieux d'accoucher naturellement", "c'est mieux d'allaiter", "c'est mieux les couches lavables"... Et je t'en passe sur "votre enfant est hyperactif car vous ne vous êtes pas ménagé pendant la grossesse", "votre enfant fait une adolescence difficile parce que vous avez travaillé à plein temps"... etc ... etc... etc...
    C'est INSUPPORTABLE! FAUX! CULPABILISANT!

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    1. Donc, nous ne sommes pas d'accord. Ok, j'en prends note. Est-il pour autant nécessaire de CRIER? HURLER? S'EGOSILLER?

      ;-)

      Contrairement à toi, je n'ai pas l'impression que Mme Buisson fasse "totale et absolue confiance" aux sages-femmes, puisqu'elle parle d'accouchements au rabais... Je pense également qu'elle force le trait quand elle parle de l'arrivée "en masse" des sages-femmes libérales.
      Je suis peut-être naïve, mais je ne vois pas pourquoi ce serait si difficile pour une sage-femme (ou un généraliste, soyons fous!) d'effectuer le suivi d'une femme qui va bien - surtout si cette sage-femme ou ce MG fait la démarche d'une formation complémentaire, et les sages-femmes libérales que je connais sont motivées pour se former. Comment est-ce qu'un(e) gynéco qui te voit 15 minutes chaque année peut-il/elle vraiment être plus performant que le MG qui te connaît bien, ou la sage-femme qui consacrera plus de temps à sa consult?

      Enfin, concernant "l'insupportable culpabilité" ... ce n'est pas nouveau, depuis Freud, de toute façon, c'est la faute des mères! (comment ça, je force le trait? mais non, voyons...)
      Je crois sincèrement que cette "pression" est surtout ressentie dans certains milieux socio-culturels, notamment les plus favorisés.
      Je mets sciemment des guillemets à "pression" parce que, à mon humble avis encore une fois, ce n'est pression que si on se laisse pressurer. On en revient encore une fois à la notion de choix, et aux réflexions qui amènent à ce choix.
      J'ai choisi d'accoucher sans péri, c'est le fruit de mes lectures, de mon ressenti, de mon propre cheminement; je ne l'impose à personne.
      J'ai choisi d'allaiter, longtemps voire très longtemps au regard des normes actuelles, c'est mon chemin de vie, mon envie ; j'encourage les mères qui veulent allaiter, et je respecte celles qui ne le souhaitent pas.
      Je n'utilise pas de couches lavables, et alors? ça ne m'empêche pas de dormir la nuit.

      Je pense sincèrement (oui je sais, je pense beaucoup en ce moment) que si nos choix (dans un sens ou dans l'autre) sont réfléchis et motivés, on prête bien moins le flanc à la "pression" et à la "culpabilité"...

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    2. Le choix, tu le sais est toujours "guidé". Quand il est possible d'avoir un baguage socio-culturel important, le choix est toujours plus simple, car enrichi de nombreux avis et lectures.
      Mais pour la grande majorité de nos patients, il n'y a pas de choix, il y a ce qui est imposé ou dicté (par le médecin, la collectivité, la famille etc...) Je le vois tous les jours en consultation.


      En ce qui concerne l'article que j'ai relu je pense qu'il mêle à la fois une vision du féminisme (dans laquelle je me retrouve totalement), et une vision de la médecine, sur laquelle je me retrouve moins (du coup).

      Je fais beaucoup de suivi de grossesse et de suivi gyneco ( beaucoup de jeunes voire très jeunes filles). Je m'en sens capable, et quand je ne me le sens plus, l'adresse à ma gyneco préférée qui a des discussions constructives et une vraie vision du partenariat médical.

      Neanmoins, n'oublie pas que l'auteur de l'article est parisienne... Avec une idée de la médecine générale réduite. TRES reduite (je ne m'égosille pas, je m'exclame :))) ) C'est malheureusement le cas de toutes les personnes qui font la pluie et le beau temps sur la politique en matiere de santé (sans oublier que la plupart son des hommes de plus de 55 ans).



      PS: mais comment tu fais pour tenir un blog, j'ai pas le temps moi!!! et pourtant ce serait tres cathartique!

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    3. Merci pour cette seconde réponse.

      C'est vrai que trop souvent le choix est guidé ; à nous, à notre niveau, de donner à nos patient(e)s les éléments d'information qui leur permettront de mieux s'approprier ce choix.

      Sinon je suis plutôt d'accord avec ton analyse: le parisiannisme et l'âge de l'auteure biaisent forcément sa vision de ce qui se passe réellement sur le terrain...

      Quant au féminisme, on n'en a pas la même vision, ce n'est pas la fin du monde! ;-)

      PS: je consacre rarement autant de temps à mon blog que ces derniers jours, c'est sûr que c'est très chronophage... et je risque d'être beaucoup moins présente d'ici 2 mois! En attendant, travailler à temps partiel, ça aide...

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    4. Merci de ta reponse, je continuerai à suivre ton blog avec interet.

      Bises bien confraternelle!

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  14. Voilà ce que m'écrit une copine médecin (chirurgien, même, personne n'est parfait! ;-) ), installée en Norvège et maman de 2 enfants :

    Chez nous en Norvège, tout le suivi gynéco de base est assuré par les médecins généralistes, et le suivi de grossesse par généraliste/sage-femme (SF travaillant dans une structure type PMI). Les gynécos n'exercent qu'à l'hôpital et ils ne s'occupent que des pathologies gynécologiques ou bien des grossesses à problème (il y en a quelques uns en cabinet privé mais très très peu et ils fonctionnent comme les gynécos hospitaliers). Les femmes n'ont pas de "gygy" et se portent très bien. On reçoit tous les 2-3 ans une petite lettre pour rappeler qu'il est temps d'aller faire un frottis, ce que je trouve très bien. Entrre parenthèse, les enfants ne sont suivis que par la PMI et le médecin généraliste, les pédiatres ne travaillent qu'en structure hospitalière et ne suivent que les pathologies spécifiques. Non seulement ça fonctionne très bien, mais ça coûte beaucoup moins cher à l'état.

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  15. Si je suis d'accord avec toi sur la majeur partie des choses, je trouves aussi que la "disparition" des gynécos reste dramatique .
    Je n'ai pas eu que des expériences heureuses avec les gynécos . A 18 ans je me suis plainte pendant près d'un an à "la mienne" de douleurs violentes, elle ne voulait rien savoir, elle a laissé un kyste se développer....celui-ci à dégénéré , à 19 ans on voulait donc me faire une ovariectomie, j'avais ma première tumeur maligne aux ovaires ...
    Pour autant , depuis j'ai un suivi gynéco en or, j'aime réellement les 2 gynéco qui s'occupent de moi, qui ont été super lors de ma rechute en plein ma seconde grossesse .
    Le premier ne fait pas d'obstétrique, il est gynéco-psychosomaticien , il se forme beaucoup aux "médecines douces" avec "ses maitres" en chine, il fait de l’acuponcture, de l'hypnose, et ma beaucoup aidé à supporté les traitements . Un rendez-vous avec lui c'est plus d'1h , à parler, être écouté ...
    Le second c'est celui de l'hosto , plus pragmatique, mais ultra compétent, et toujours à l'écoute de mes souhaits , craintes , angoisses , soucis pratiques et compagnie .
    Bien sur mes grossesses du fait des pathologies n'auraient pas pu être suivi par une sage-femme uniquement, pourtant je n'ai absolument rien à redire sur elles ! Bien au contraire !
    J'ai une généraliste qui fait du suivi gynéco, ça me rassure (pourtant je vois le miens tous les 3 mois à l'hosto pour la surveillance alors...perso je ne vais pas la voir pour ça, j'ai ma dose !), et je trouve ça important dans la région où j'habite que les généralistes fassent le relai des gynécos qui doivent se compter sur les doigt d'une main sur les 30km alentours !
    Tout ça pour dire qu'Odile Buisson est un peu extrême, mais on a le droit de s'inquiéter du manques de gynécologues , même si l'ont regrette la plupart du temps le temps qu'ils accordent aux femmes et l’intérêt qu'ils portent à leurs choix .
    Car tu as raison : les femmes n'ont pas assez souvent leur mot à dire à l’hôpital . Par exemple, si mon gynéco de l'hosto est pour moi un médecin en or, je sais que j'ai plus souvent vu des femmes enceintes sortir de ses consult' frustrées , agacées, que comme moi de spatientes ravies .
    En effet , si la grossesse se passe normalement je le sais expéditif - car lui même considère que les sages femmes suffisent amplement à suivre ces femmes, et que ces rendez-vous qui lui sont "imposés" l’empêchent de faire correctement son job, en prenant sur le temps et l’énergie qu'il voudrait consacrer aux pathologies spécifiques . Pour autant ces femmes ont elles aussi des angoisses, des questions (encore plus lors de la 1ere grossesse) et j'imagine qu'elles se sentent incomprises, expédiées, mal reçues etc...
    Tout cela est regrettable, mais c'est aussi la faute à l'éducation de la société face à la médecine . On ose rarement , on a une confiance aveugle en ces médecins qui "savent tout" ... mais il ne faut juste pas s'oublier soi-même , faire ses propres choix et les assumer . (ex : toutes ses femmes enceintes qui se plaignent de n'avoir aucunes réponses chaque mois quand elles vont voir le gynéco , rien ne les empêchent de claquer la porte, de prendre une sage-femme libérale par exemple....pourtant elles restent et tous les mois elle reviennent au rendez-vous "parce qu'il faut bien que j'ai un suivi" . Qu'elles se renseignent, qu'elles agissent un peu plus pour elles plutôt que de se laisser porter par un fonctionnement qui ne leur convient pas !).
    Enfin plus on fréquente le corps médical, mieux on sait comment le prendre ! :)

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    1. Merci pour ton témoignage, Marine.

      Et on est bien d'accord: les gynécos sont essentiels, mais surtout pour ce qui concerne la pathologie. Pour la physiologie, les sages-femmes et médecins généralistes ont toute leur place!

      De même que je suis d'accord sur le manque d'information criant: de nombreuses femmes "subissent" un suivi qui ne leur convient pas parce qu'elles n'imaginent pas qu'elles pourraient faire autrement... ou qu'on les a conditionnées, par des discours alarmistes, à l'idée que seul le gynéco est compétent dans ce domaine...

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  16. Merci Souristine pour cette article. Je suis sf et j apprécie la collaboration médicale dans mon domaine. Chaque jour, je discute avec mes patientes de l intérêt du " médecin de famille". C est une notion qui se perd malheureusement, mais j ai grandi comme ça; avec l idée que j ai toute confiance en mon médecin traitant, alors j essaie de transmettre.
    Mme Buisson se veut là porte parole, mais on se demande bien de qui! Personne ne peut être d accord avec autant d inepties.Elle donne là une pitoyable image de la médecine....

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